Fièvres, parfum ardent

J’ai toute la nuit eu la fièvre, je vous adorais en dormant ;
le mot amour sur votre lèvre faisait un vague flamboiement. ”
Victor Hugo

 

Fièvres, parfum ardent

Ce coffret pour ce parfum Fièvres ( 1944* ) de Jean Chapus aux illustrations sans nul doute d’un illustre artiste, mais ici pour nous d’un illustre inconnu, nous fait songer a cette fièvre, feu brûlant de la séparation aussi injuste qu’inacceptable, avec ce cortège de jours qui passent et plus encore vous accablent. Faisant un peu rejaillir comme ce magma de mots d’une des premières poésies de Cocteau.
 
Il est des cris plaintifs qui se tordent les bras,
Mordus entre les dents, avortés sur les lèvres,
Des fards astucieux masquant l’ardeur des fièvres,
Et des corps moribonds sous la fraîcheur des draps.
La douleur nous fait honte en nous prenant pour cible.
Cherchons le mot qui trompe et le regard qui ment !
Le sanglot doit se perdre en un ricanement,
Et le cerveau bondir sous un flot impassible…
Combien rencontrons-nous de chaos inconnus,
Pantins qui crisperaient, enfin réels et nus,
Leurs traits démaquillés à la clarté des lampes !
Ignorons-nous assez les larmes et le sang !…
Et près des volets clos qu’on regarde en passant,
L’anneau froid des canons appuyés sur les tempes
Jean Cocteau
 
À défaut pourtant d’avoir essayé de dévoiler les secrets de ce coffret, voici déjà ce qui semble se cacher sous ce poème.
Extrait **
En septembre 1908, Cocteau accompagné de sa mère fait le voyage de Venise. Il y retrouve par hasard, dans un lieu de drague un de ses condisciples de Condorcet, Raymond Laurent, lequel se suicide d’un coup de revolver sur le quai de la Douane, une heure après avoir reconduit Cocteau à son hôtel, dans la nuit du 24 à deux heures du matin, par suite semble-t-il d’une déception amoureuse causée par Longhorn H. Whistler, neveu américain d’Oscar Wilde ; son corps aurait été retrouvé par Vyvyan Holland, le propre fils de Wilde.
Sur cette illustration on retrouve toujours deux amants, ici une femme, un homme qui s’aiment épris de fièvres, de désirs d’un Amour ardent. Et la Terre de devenir un enfer de laves incandescentes qui se mêlent aux brûlures de l’absence, aux flammes d’une passion aussi éternelle qu’incandescente…
 
Et de citer là encore Victor Hugo :
« Que peuvent en effet les séparations corporelles, les distances physiques sur deux coeurs liés invinciblement par une même pensée et un commun désir ? – le véritable amour peut souffrir, mais non mourir. »
 
Juste un ressenti
André
 
*Fièvres, le parfum est sorti dans un coffret blanc plus simple en 1944, aussi ce coffret plus précieux est, semble-t-il, plus tardif

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